Dragon et héraldique en occident |
Le dragon fut un emblème militaire commun à tous les peuples indo-germains (aryens) durant l'antiquité. Les Daces, les Scythes, les Perses ou les Parthes y voyaient le symbole de la vigilance. Il se serait substitué à l'aigle romaine après la victoire de Trajan contre les Daces, et de là aurait gagné le reste de l'europe occidentale.
Il était présent sur les drakkars des vikings et comme figure de proue sur les vaisseaux de Guillaume le Conquérant. Une expédition drigée vers la Palestine quitta les côtes de la Norvège en 1107. Conduite par le roi Sigur Magruissen sur des navires à la proue sculptée de dragons, celle-ci s'arrêta à Constantinople. Le roi fit don de cette flotte en 1111 à l'empereur Alexis de Commène. C'est Sigurd lui-même qui aurait placé le dragon d'or ornant son vaisseau royal au dessus de l'église Sainte Sophie. Plus tard, après la conquête de Byzance, c'est Baudouin IX comte de Flandre qui l'aurait descendu du dôme et en fit don aux flamands de sa troupe. Ils revinrent à Bruges avec cet emblème et d'autres reliques.
On rencontre fréquemment ce monstre fabuleux dans l'art héraldique de l'époque moderne, où il désigne le même symbole de force et de vaillance que chez les anciens Germains. Il n'a aucune signification diabolique ni maléfique, il veille courageusement sur les trésors. On retrouve cette figure chez les Francs du moyen age qui le portaient en étendard.
Comme le griffon, il évoque le rapidité et le courage. Sa force est réputée invicible sauf par quelques héros ou chevaliers hors du commun. Dans les bestiaires du moyen-age seule la panthère, animal alors fabuleux, pouvait le faire fuir à cause de son odeur. Pour le langage héraldique, le dragon est donc le farouche gardien des trésors et des choses précieuses ou sacrées.
Dans l'art héraldique, le dragon a deux ailes de chauve-souris, un corps et une queue de serpent se terminant le plus souvent par un dard, (cette queue est enroulée en une volute et le dard est relevé), les deux pattes et quelquefois le buste de l'aigle. Pour bon nombre d'auteurs, sa tête est celle du crocodile. Sa langue se termine par une pointe de dard. |
Il ne se différencie du basilic que par la tête, le basilic ayant une tête d'oiseau. Il n'est représenté volant que rarement sur les écus, comme chez Raynon dans le Kent. Il est clairement différent du griffon qui, lui, possède quatre pattes et une queue de lion. Cependant ils ont des qualités totemiques assez proches. Le griffon des Grecs, animal mythique mi-aigle mi-lion était assigné à la garde des trésors des Dieux et il possédait la rapidité de l'aigle unie au courage du lion.
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On connait des représentations de lion dits dragonnés, c'est à dire
que les membres postérieurs des fauves ont disparu, laissant place à la queue du dragon
(voir le RIESTAP). Ici on remarquera le dard, bien en évidence.
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Au moyen age, le symbole du dragon était utilisé dans les processions religieuses pour représenter l'hérésie vaincue par l'église. Ces monstrations auraient duré dans le clergé de la cathédrale de Paris jusqu'a la fin du XVIIIe siècle (C. Leber, Collections des meilleures dissertations, etc relatives à l'histoire de France). Une enseigne de bois sculptée et peinte, fichée sur une pique, était appelée la "Gargouille" car le porteur pouvait à volonté ouvrir et fermer ses machoires à l'aide d'une cordelette.
Certains comtes de Flandre le portaient en étendard comme Philippe d'Alsace. Il est représenté sur des sceaux du XIIIe et XIVe siècles pour de nombreux nobles de Flandre, de Brabant et de Haînaut comme partie de l'habillement, sur des cimiers par exemple.
En France on citera entre autres les Caritat de Condorcet pour la belle plastique de leurs armes: d'azur au dragon volant d'or, armé et lampassé de sable, à la bordure de même. Et quel joli blasonnement, si poétique...
Les d'Ancezune de Caderousse dans le Comtat venaissin arboraient deux dragons peu courants sur leurs armes. Ils blasonnaient de gueules à 2 dragons monstrueux à faces humaines d'or affrontés, sur un pied, l'autre tenant leur barbe terminée en tête de serpent, la queue retroussée et terminée de même ainsi que chaque griffe des pieds.
Autres familles aux deux dragons : Scheltus de Kampferbeke, Verplanken (arbre accompagné de 2 dragons)
Quelques exemples illustrés :
Le dragon rouge est l'emblème traditionnel du pays de Galles, qui s'oppose dans la légende en combats épiques au dragon blanc représentant les envahisseurs saxons. Henri VII l'introduit dans | les armes britanniques. Il passa ensuite dans les armes de Londres et Dublin. Le dragon fut un symbole commun aux croisés britanniques à l'étranger. |
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Les O'Neylan d'Irlande portaient de gueules au dragon ailé de sinople. |
Comme indiqué dans l'armorial de CAUMARTIN, la
famille BRAUX, originaire de Champagne, blasonnait de gueules au dragon ailé et couché
d'or. Sur la représentation transmise par Caumartin, on distingue la queue de serpent,
par opposition au dard cité ci-dessus. La tête rappelle plus celle du lion que celle du
crocodile. Th. de Renesse a identifié également des BROUX au dragon extraordinaire
dans l'attitude de l'aigle héraldique, comme Drachenfels (voir plus loin). Les couleurs
seraient identiques à BRAUX. agrandissement |
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D.Delgrange rapporte que la tête de dragon rouge vomissant des flammes a été utilisée en 1465 comme insigne lors de la bataille de Montlhery par Philippe de Crévecoeur (+1494), seigneur d'Esquerdes et capitaine général de Picardie. |
L'armorial de Bellenville, daté de la seconde moitié du XIVè,
montre une représentation de blason d'un des vassaux de l'archevèque de Cologne,
juxtaposant des couleurs métalliques. Burgrave de DRACHENFELS De gueules au dragon ailé d'argent, vomissant des flammes d'or et les pattes de même. |
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Recherches documentaires-réalisation: François Becuwe 1998-2004.