Vers 1199 apparaît sur le sceau
d'une charte de Lille un emblème commun à l'époque, une fleur de lys à 5 feuilles ou
pétales. Deux pétales ne sont pas recourbées vers l'extérieur, la ressemblance avec
l'emblème de la Ville de Florence en Italie, le Lys rouge, est assez forte. (image) La forme générale est proche du lys royal de France présent sur l'écu à partir de 1130, comme sur le sceau de Saint Louis. |
En 1235, la charte de Jeanne de Flandre porte appendue un sceau à une fleur de lys à trois "branches". Le scel échevinal de 1235 porte une fleur de lys à trois "branches" cotoyée à dextre d'un lion. SIGILL SCABINORUM ILLETIUM
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Le scel echevinal de 1434 porte une grande fleur de lys cotoyée de deux lions affrontés surmontés d'une petite fleur de lys. |
En 1667, le scel echevinal est identique sauf pour la forme de la fleur, qui suit la mode de l'époque. Jusqu' au XVIIIé siècle, les sceaux au(x) lion(s) seront utilisés plusieurs fois, et cela postérieurement à l'enregistrement officiel de 1698. La Commission Historique du Nord a, par le passé, rendu la conclusion qu'il ne faut pas confondre le scel échevinal avec les armes de la Ville.
La fleur de lys simple est présente sur plusieurs pièces de monnaie des XIII et XIVè siècles, également sur l'écusson imprimé en fin d'opuscule des Coutumes de Lille de 1533, et sur l'écusson présent sur le plan de Lille de Guichardin vers 1580.
On la retrouve sur l'écusson de la carte des chatellenies de Lille, Douai, Orchies, en fin de XVIè siècle, quasiment identique au certificat de 1698. Tous les jetons frappés à l'occasion des Estats de Lille la figurent. |
Les armes à la fleur de lys étaient placées ou tracées aux portes des échevins de la ville.
En juin 1790, comme pour toutes les marques de la féodalité, ces armes sont proscrites.
Napoléon I, lors d'un voyage
à Lille en 1810, décide d'attribuer de nouvelles armes à la ville car la fleur de lys
semblait par trop rappeller l'emblème royal. Des lettres patentes sont délivrées à cet
effet en 1811. Le décret du 6 juin attribua à la Ville le blasonnement : "coupé d'azur et de gueules, l'azur au drapeau en barre d'argent orlé d'or, de gueules à la ville fortifiée et bombardée, le tout d'argent. Le chef cousu des bonnes villes de l'empire qui est De gueules à trois abeilles d'or". Le bombardement évoqué était de celui du siège de Lille par les autrichiens en 1792. Dans le coupé de l'écu, la porte de Paris prendra une place de plus en plus importante. |
En 1816, la Ville reprend ses armes traditionnelles, peu de temps, car avec la révolution de 1830, elle furent supprimées et l'écu resta vide sous Louis Phillipe et la seconde République.
Sous le Second Empire le Maire reprit les armes du premier empire, jusqu'à la fin du règne de Napoléon III. Ces armes furent gravées sur plusieurs édifices de la ville comme le Palais Rameau, le Gymnase près du théatre Sébastopol...Elles figurent aussi sur des médailles de l'époque.
La troisième République conserva les armes de 1811, en substituant aux abeilles des étoiles à 5 rais. En effet, l'abeille est un meuble omniprésent dans l'héraldique napoléonienne, elle rappelle le régime impérial.
Si certains Lillois désirent le retour des armes médiévales, ils évitent de parler de lys de peur d'être taxés de royalistes ou de monarchistes, et employent plutôt le vocable de fleur d'iris. C'est ainsi qu'en 1882 une séance du conseil municipal voit émerger une demande de l'opposiition pour le rétablissement des armes anciennes, à savoir "de gueules à une fleur d'iris d'argent". Le vote infirmera cette demande mais la presse reprend le fait, et dès lors le terme "fleur d'iris d'argent" se galvaude peu à peu.
Inauguré en 1892, le Palais des Beaux-Arts de Lille était achevé dès 1891. La fleur de lys y est présente dans les décors muraux comme sur les flèches de l'édifice.
Le lys passe dans l'iconographie de l'art nouveau de superbe manière comme ici en ornementation de l'ancienne Faculté de Lettres rue A. Angellier. | ![]() |
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En 1900, le Président E. Loubet autorise la ville à porter la Légion d'Honneur. C'est l'occasion de demander le rétablissement des armes anciennes.
En 1901, lors d'un conseil municipal, l'administration Delory fait allusion au traité de Peronne de 1190 qui portait les armes de Lille, mais énoncées avec une fleur d'iris d'argent. Les armes seraient antérieures à celles de la royauté et il ne faudrait donc pas voir de symbole royal dans celles-ci. Charles Debierre réaffirme la présence traditionnelle de fleur de lis et non d'iris, point de détail pour Gustave Delory, mais problème crucial pour les héraldistes. Des croquis seront fait pour appuyer la demande.
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En 1902, par décret du 13 mars, l'étoile de la Légion d'Honneur est ajouté dans le champ de l'écu, au chef à dextre. Entorse aux lois de la bonne héraldique qui voudrait une étoile appendue en pal. |
En 1909, T. Leuridan publie dans son Armorial des communes du département du Nord une fleur de lys florencée - ou remplie - il y a donc une différence avec les armes anciennes.
Après la première guerre mondiale, la ville est décorée, avec notamment l'ordre de la tour et de l'épée remis par le Portugal, et la croix de guerre française.
En 1926, rétablissement du blason "authentique" de Lille, après l'intervention d'Emile Théodore, conservateur du Palais des Beaux-Arts, chargé en 1924 par Roger Salengro, Maire de Lille, d'une étude pour les armes de la Ville. Les ajouts se feront dans le sens héraldique: la fleur est légérement différente de celle 1698, plus proche des représentations des sceaux du XIIè et XIIIè siècles ainsi que du lys des rois de France, la brisure provoquée par la légion d'honneur disparait, le collier de l'ordre et les décorations sont enfin à l'extérieur de l'écu.
une représentation de 1948.
A cette période, la société des Amis de Lille - Syndicat d'initiative - portait comme emblème une représentation très proche du scel du XIVè siècle dans un écu. |
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L'Hôtel de Ville, reconstruit après 1916, est abondamment décoré avec la fleur de Lys, les formes florencées ou non se cotoyent :
ornement de pilastre |
Balcon d'escaliers |
Panneau de sas vitré |
Cage d'ascenseur |
Façade Porte de Paris |
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Bonne promenade è Lille...
"Les armoiries n'ont de seureté non plus que les surnoms. Il n'est chose où il se rencontre plus de mutation et de confusion". MONTAIGNE
version 2008 © François BECUWE